8.09.2016
LE VÊTEMENT FÉMININ DANS LA CRÈCE CLASSIQUE
Du Ve siècle avant Jésus-Christ,les Grecs introduisent dans leurs moeurs le concept de nudité athlétique. Ainsi la beauté et la bonté du citoyen (kalos kagatos) passent par un entraînement quotidien au gymnase afin de se sculpter un corps digne d'être vu. Mais tout le monde ne peut pas accéder à cet entraînement et la nudité des esclaves, des étrangers et des femmes n'est pas considérée comme acceptable, elle est même risible car, souvent, elle s'accompagne de formes disgracieuses et d'un teint pâle.
Avant de présenter un petit résumé sur la mode vestimentaire féminine à l'époque classique, il faut bien comprendre que celle-ci differe sur de nombreux points de la mode masculine en général mais surtout varie énormément en fonction du statut social et des diverses cités grecques qui ont toutes leur vision de la place de la femme dans la société. Ainsi, les femmes à Sparte bénéficient d'une assez grande liberté et ont une pratique sportive les autorisant, de fait, à plus exposer leur corps. C'est ainsi que l'on peut voir dans cette cité des femmes portant des vêtements assez courts, laissant parfois apparaître une cuisse bien formée. Mais nous ne nous arrêterons pas ici aux cas spécifiques à chaque cité et nous analyserons simplement les façons de se vêtir pour une femme dans le monde grec dans son ensemble.
Les vêtements
Les vêtements grecs sont faits principalement de lin ou de laine, ressources accessibles en Grèce. Seuls les plus riches importent de la soie en provenance de l'Empire Perse. Les Grecs, s'ils n'utilisaient pas le coton (qu'ils appelaient laine végétale) en raison de sa provenance lointaine, le connaissaient grâce aux échanges entre la Perse et l'Inde.
Commençons par le début, les sous-vêtements. Ces derniers sont peu mentionnés dans les sources antiques et très peu représentés mais il est fort probable que beaucoup de femmes en portaient. Le périzoma par exemple est une sorte de ceinture de lin qui permet de cacher les parties génitales, c'est un petit rectangle de lin que l'on va nouer autour de la taille à l'aide d'un lien. Ce périzoma est rarement représenté car une femme ne doit pas apparaître en public avec cet unique vêtement mais il est visible sur de nombreux vases représentant des athlètes ou des enfants. Toute chose étant, il est sûr que certaines femmes se bandaient les seins à l'aide de larges bandes de tissu.
Le vêtement minimum que doit porter une femme en public est le chiton, c'est un grand rectangle de tissu dans lequel on s'enroule et que l'on va attacher sur les épaules à l'aide de broche ou de fibule. On le noue ensuite au niveau de la taille à l'aide d'une ceinture en tissu de sorte que le côté ouvert du rectangle ne laisse pas voir la jambe droite. Sa taille peut varier. Ainsi il peut soit être porté court et ainsi ne couvrir que le torse de la femme et ses cuisses, soit long et ainsi recouvrir la femme jusqu'aux chevilles, voire aux poignets. Il suffit pour cela de tendre le surplus de tissu vers les poignets et de l'accrocher.
La femme peut porter par-dessus le chiton ce que l'on appelle le péplos. lei ce sont deux rectangles de tissu que l'on va coudre ensemble sur la moitié de leur longueur et qui seront ensuite attachés là aussi sur les épaules. La longueur du péplos peut permettre à la femme d'avoir un rabat qui tombera sur sa poitrine. La femme peut le porter de différentes manières et ainsi accentuer ou diminuer son décolleté à sa convenance.
L'ultime couche de vêtements que la femme peut arborer est son manteau, l'himation. Ce dernier est soit en lin soit en laine en fonction de la température extérieure. Il s'agit là encore d'un très grand rectangle de tissu que l'on va cette fois enrouler autour de soi. On peut s'en servir aussi pour se couvrir la tête.
Seules les prostituées ou certaines prêtresses (comme les prostituées sacrées du temple d'Aphrodite à Chypre) peuvent paraître les cheveux lâchés car c'est un signe érotique fort qui est perçu comme vulgaire pour une bonne citoyenne. La femme s'attachera donc toujours les cheveux à l'aide de liens en cuir, en tissu ou même de couronnes de fleurs. La coiffure peut être simple et se résumer à un simple chignon ou peut être complexe et nécessiter l'aide de servantes. Les jeunes filles portent souvent de simples couronnes végétales autour desquelles elles attachent leurs cheveux. La coiffure est parfois embellie à l'aide de diadèmes et autres bijoux réservés à l'élite.
Les accessoires
Il existe de nombreux bijoux dans le monde grec. La plupart sont en cuivre ou en bronze mais certaines femmes riches pouvaient porter de l'or ou de l'argent. Les bijoux sont souvent asexués et peuvent être portés par les femmes ou les hommes, à !exception des boucles d'oreilles. A l'époque classique, beaucoup de bijoux proviennent du monde Perse et adoptent ainsi des motifs et des formes orientaux. Un autre accessoire très prisé est le parfum. Les Grecs étaient très sensibles aux odeurs, ainsi les femmes s'enduisaient les cheveux, la poitrine et les pieds d'huile parfumée. Enfin les femmes pouvaient se maquiller mais, dans ce cas, elles utilisaient des produits hautement néfastes tels que du cyanure, du plomb, de la céruse ou de l'antimoine...
Les codes vestimentaires
Nous n'avons ici que succinctement décrit l'ensemble des possibilités vestimentaires qui s'offraient aux femmes en Grèce à l'époque classique. Il faut cependant savoir que certains choix portaient des messages très explicites. Ainsi, se parfumer les cheveux ou même les vêtements affirmait une volonté séductrice, tout comme un maquillage prononcé. Les couleurs servaient aussi de marqueurs sociaux et la pourpre, la couleur la plus difficile à obtenir et à fixer, permettait de montrer de manière ostentatoire la richesse, tout comme n'importe quelle teinture de haute qualité.
Les modes et les codes changent en fonction des cités mais il existe une règle qui semble généralement admise dans le monde grec: une femme doit adopter une apparence qui correspond à sa situation et à son âge. Ainsi, les jeunes filles non mariées peuvent sans trop de problème avoir une allure de séductrice alors que ceci est mal vu pour une femme ayant déjà un époux (dans une certaine mesure évidemment). De même, les femmes âgées qui tentent de cacher les affres du temps à l'aide de maquillage ou de parure étaient souvent très décriées car cela marque une sorte de rejet des lois de la nature. C'est ainsi qu'l schomaque, dans l'économique de Xénophon, conseille à sa femme de ne pas trop se maquiller et d'avoir plutôt des activités physiques saines qui seules lui permettront de garder une santé et un aspect jeune tout au long de sa vie. Assez drôle de constater qu'Ischomaque ne conseille pas d'aller s'entraîner dans un gymnase mais de s'afférer avec zèle à diverses tâches ménagères qui peuvent être assez physiques. Car, soyons raisonnables, nous le disions au début, la beauté de l'athlète nu, dans la majeure partie du monde grec, est réservée aux hommes.
Par Vincent Torres-Hugon dans "Antiquité Magazine", n. 4, mai-juin-juillet 2016, France, pp.64-68. Adapté pour être posté par Leopoldo Costa.
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