Les Hellènes, envahisseurs encore barbares à leur arrivée, ont beaucoup et rapidement appris de leurs voisins, des Crétois notamment, quant à l’art de naviguer d’île en île jusqu’aux côtes lointaines. Leur nombre ne cessant d’augmenter, les plus hardis, montant sur leurs bateaux, se mettent à chercher, à l’aventure, de nouvelles terres à cultiver et de bons emplacements pour bâtir des villes neuves ou colonies.
De 1200 à 900 av. J.-C., les îles de la mer Égée et la côte de l’Asie Mineure deviennent ainsi des pays grecs. Puis, à partir de 750 av. J.-C., l’Italie du Sud et la Sicile sont à leur tour hellénisées. Enfin, des comptoirs sont fondés sur la mer Noire, en Égypte, et jusque chez les lointains « Barbares » d’Espagne et de Gaule (Marseille). Tous ces pays peuplés de Grecs ne sont pas unis en une nation, chaque ville ou cité formant, avec son voisinage, un petit État indépendant. Les puissants rois des Perses et des Mèdes, qui régnent sur l’Asie, croient donc facile de rallier la Grèce à leur vaste empire. Cyrus le Grand (vers 550 av. J.-C.), vainqueur de Baby- lone, soumet aussi les Grecs d’Asie Mineure. Bientôt, Darius et son fils Xerxès entreprennent, pour conquérir la Grèce d’Europe, les guerres médiques.
Mais les deux principales cités grecques, Sparte et Athènes, s’entendent pour résister aux forces considérables des Perses. En 490 av. J.-C., Darius envoie une armée débarquer près d’Athènes : les Athéniens la battent à Marathon (le soldat chargé de porter la nouvelle jusqu’à la cité meurt d’épuisement après une course de 40 km). Dix ans après, 300 Spartiates se font tuer jusqu’au dernier en défendant le défilé des Ther- mopvles contre toute l’armée de Xerxès. Puis une flotte grecque, composée principalement de navires athéniens, anéantit la flotte de Xerxès lors de la bataille de Salamine (480 av. J.-C.).
Les Perses doivent renoncer à leur annexion, et Athènes, continuant la guerre, délivre les villes grecques d’Asie et fait d’elles des alliées au sein d’une grande confédération. Sa victoire sur les Perses a donné à Athènes la gloire, des alliés et la maîtrise de la mer.
Le commerce de la cité devient le plus actif du monde. Elle achète au loin des matières premières et des grains ; elle vend son vin, son huile et des produits fabriqués qui transitent par son port, Le Pirée. Les membres de sa ligue maritime lui paient un lourd tribut destiné à entretenir une flotte commune. C’est le siècle de Périclès, du nom du plus prestigieux stratège (général) d’Athènes. Les cités jalouses de sa grandeur et de sa richesse se groupent autour de Sparte et livrent aux Athéniens une guerre impitoyable. Athènes, finalement vaincue, perd sa grande flotte de guerre, et la ligue maritime disparaît (404 av. J.-C.). Sparte, qui domine le Péloponnèse, cherche à étendre sa domination sur le reste de la Grèce. C’est une ville sans industrie, presque sans commerce, uniquement consacrée à l’art militaire. Elle a beau posséder la meilleure armée du monde grec, cette armée se révèle insuffisante en effectifs quand les autres cités, de nouveau jalouses, se rebellent contre elle. Sparte perd ses alliés et subit à son tour des défaites.
La Macédoine prend la Grèce en main
À la fin du IVe siècle av. J.-C., la Grèce est plus que jamais divisée, aucune cité ne pouvant longtemps dominer et fédérer les autres. Cependant, au nord de la Grèce, grandit le royaume de Macédoine. Ses monarques se considèrent comme des Hellènes. Ils possèdent une infanterie et une cavalerie valeureuses. L’un d’eux, Philippe (qui a pour conseiller le philosophe Aristote, précepteur de son fils), à la fois fin politique et vaillant général, après avoir fortifié son royaume, se mêle aux querelles des Grecs et achète partout des partisans, malgré les mises en garde de l’orateur athénien Démosthène. Philippe finit par envahir la Grèce centrale et par battre les troupes des villes qui tentent de lui résister. Il leur impose son alliance, mais ne peut mener à son terme son projet de réunir sous sa couronne la Grèce entière. Il est assassiné en 376 av. J.-C.
Son fils, Alexandre le Grand, est, lui, reconnu comme chef de presque toutes les cités grecques. Après quoi il conquiert en quelques années l’immense Empire perse, à la tête d’une armée qui rassemble Grecs et Macédoniens. La Grèce, pour la première fois de son histoire, est unifiée et unie à l’Orient, mais sous l'autorité d’un roi de Macédoine.
La Grèce province d’Empire
À la. mort d’Alexandre (323 av. J.-C.), ses généraux se partagent son empire. Celui-ci se divise en royaumes rivaux; les guerres entre Grecs reprennent. Au ne siècle av. J.-C., les années romaines apparaissent et profitent de ces divisions pour annexer la Macédoine et la Grèce d’Europe (en 146 av. J.-C., l’annexion s’achève avec la prise de Corinthe). En un siècle, tous les royaumes fondés en Orient par les généraux d’Alexandre subissent le même sort.
Encouragés par Mithridate, roi du Pont, les Grecs tentent une révolte, cruellement réprimée par Sylla, puis se soumettent définitivement à la domination romaine. Mais leur civilisation survit et s’impose même aux vainqueurs.
Au partage de l’empire, la Grèce fait partie de l’empire d’Orient. Elle est ravagée par Alaric et ses Wisigoths (395 apr. J.-C.), les Vandales (466), les Ostrogoths (475), les Bulgares (500), les Slaves (540)... Certains Barbares s’y établissent et se fondent dans la. population.
Les Arabes y apparaissent au ixe siècle. Les Normands aussi, qui, avec Robert Guiscard, assujettissent l’Épire et une partie de la. Thessalie (1080). Roger de Sicile, autre Noimand, après avoir ravagé l’Italie, prend Corinthe, puis Thèbes (1146). À sa suite, les croisés partagent la. Grèce en de nombreux fiefs (1204), tandis que les Vénitiens annexent les îles comme autant d’étapes sur les routes de leur commerce maritime.
L’Empire grec rétabli (1260), reprend une partie de ces petits États ; le reste tombe sous la. domination turque. Athènes est soumise (1456), puis l’Épire, puis la Morée (Péloponnèse)... Même les Vénitiens sont chassés par les Turcs (1573), qui divisent la Grèce en quatre provinces. Plusieurs révoltes contre l’oppression ottomane sont sauvagement réprimées. En 1821, un soulèvement général aboutit, après une guerre de neuf ans (dont les épisodes marquants du siège de Missolonghi en 1826 et de la. bataille de Navarin en 1827), à l’indépendance de la. Grèce.
Par Pierre Ripert dans le revue mensuelle publiée par HC Éditions, Paris 'Actualité de L'Histoire", Avril 2012, n.7, p.33-35. Numérisé et adapté pour être posté par Leopoldo Costa.

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